Antonin Dvorak - Stabat Mater, op.58 - L'analyse musicale - Stabat Mater

Publié le par F de l'O

Dvořáka choisi de diviser son Stabat Mater en dix mouvements, et parmi ces dix, le premier est de loin le plus long. L'orchestre entame calmement par les altos, violoncelles et un cor avec le Fa dièse de basse, et de cette simple note, qui va rester en suspens pendant de nombreuses mesures, va donner naissance à d'autres Fa dièses qui montent jusqu'à atteindre le registre supérieur des violons et des flûtes. Maintenant fermez les yeux et imaginez la scène en ne pensant qu'à ces simples notes montantes. Ces octaves qui partent de registre medium pour monter au plus haut sont en fait un moyen musical de faire monter le regard du Chrétien tout en haut de la Croix, jusqu'au visage du Christ agonisant.
Après quelques mesures, ce sont des descentes chromatiques qui, elles, vous font baisser les yeux pour vous montrer la vierge Marie pleurant aux pieds de son fils crucifié.
En quelques instants, tout est dit et la scène qui va être décrite pendant toute l'oeuvre est clairement exposée.

Même si ce côté représentatif ne vous paraît pas évident, il est certain qu'en ces premières minutes, l'atmosphère se remplit d'une ambiance mêlant mort, tristesse et recueillement.

Tandis que l'orchestre poursuit sur son thème selon le schéma que Dvořáka réussi à trouver, les ténors font leur entrée et reprennent les descentes chromatiques sur "juxta crucem lacrimosa" (pleurant près de la croix), renforçant le sentiment exprimé par l'orchestre précédemment. Dvořák prend tout le temps nécessaire pour nous faire plonger dans le regard de l'âme.

Dvořák était un grand admirateur de Schubert, et au delà de son hommage à la symphonie inachevé (que l'on retrouve particulièrement dans les explosifs fortissimi présents dans ce premier numéro), on retrouve une autre référence au jeune compositeur... Franz Schubert a beaucoup usé de modulations dans ses oeuvres, et au dela du simple rapport que l'on fait souvent, à savoir "mode mineur = sombre / mode majeur = brillant" il était passé maître dans l'alternance des modes. Il avait compris que passer de mineur à majeur pouvait accroître la tension dramatique de manière très efficace. Dvořák reprend cette idée à son compte et la reproduit parfaitement lors de l'entrée du soliste ténor. La rupture si mineur / ré majeur crée en effet une surprise qui renforce le côté dramatique.

Après l'entrée du premier soliste, les autres le rejoignent et le choeur ponctue leurs phrases ou les souligne de manière fascinante. Les harmonies se mêlent, se complexifient et la tension se calme lorsque reviennent les octaves de Fa dièse, puis les premiers mots du cantique. Finalement, après environ quinze minutes de tension s'intensifiant, l'ouverture se referme sur une tonalité de si majeur particulièrement apaisée.

Publié dans Oeuvres

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E
<br /> C'est vrai : le si majeur apaise.<br /> Bizzzzz<br /> <br /> <br />
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